Textes critiques et Entretiens
"Les peintures faussement hyperréalistes, en camaïeu de gris, d’Hadrien de Corneillan doivent à la peinture étasunienne, que ce soit aux sites industriels de Charles Demuth ou Charles Sheeler, à la fossilisation ou à la neutralisation des personnages chez Edward Hopper et, surtout, aux toiles et aux photographies en noir et blanc de paysages ouverts d’Ed Ruscha, sur lesquelles figure, parfois, comme chez notre artiste, une légende écrite, intégrée à l’œuvre.
Le parallèle s’arrête ici, car, chez Hadrien de Corneillan, on remarque une prédilection pour les reliques d’activités humaines, les no man’s lands et les déserts qui le rattachent plutôt à un certain romantisme européen, d’Hubert Robert à Caspar David Friedrich, par exemple. Cependant, les ruines, les friches industrielles et les espaces abandonnés de notre peintre n’ont rien de réel. Ils ne sont ni présents ni passés. Ils évoquent peut-être un futur menaçant si l’Homme persiste dans son attitude de consommation incontrôlée des ressources limitées de notre planète.
Pour autant, le propos n’a rien de moralisant ni de pontifiant. Il recourt à des traits d’un humour grinçant ou à des mises en scène surréalisantes – un conteneur de transport maritime échoué sur une plage, un chien errant en plein désert, un immense buste de Lénine sortant de la mer devant un cosmonaute casqué… – qui génèrent un sentiment d’étrange familiarité – l’Unheimlichkeit freudienne –, laquelle renvoie le spectateur à ses propres réflexions et méditations."
Louis DOUCET. Critique d'art. FALDAC.
8 Avril 2024
https://www.babelio.com/auteur/Louis-Doucet/181384
"Un horizon qui s’ouvre sans limite sur un parvis de lumière diffuse, acérée, brumeuse, précise. Peinture faussement hyperréaliste auxquelles je rajouterai les préfixes Sur et Supra pour l’enrichir de multiples percepts.
Hadrien de Corneillan n’illustre pas un monde en souffrance, mais il décode des no man’s land en devenir. Il écrit sa perception des “choses” en utilisant une palette de couleurs, du gris/noir profond au blanc cotonneux. C’est un monde à deux visages, celui du vide en devenir est forcément présent, mais il recèle aussi une dualité de lecture par la persistance insidieuse de notre passé, de notre histoire, comme pour une mise à nue de notre mémoire.
Les diptyques créent des actes narratifs où si nous sommes attentifs, nous pouvons déchiffrer des souvenirs au plus profond de notre temporel collectif. Ces césures d’images nous offrent des territoires miroirs où le début et la fin s’entremêlent, mais il arrive parfois qu’il nous propose des pistes avec des bribes de poésie qui claquent comme des bannières d’une couleur vive pour nous réveiller d’une lecture à venir.
Ce travail provoque une esthétique du vide, qui nous oblige à prendre en compte des connivences avec l’artiste, à nous de les répertorier : accumulation, soustraction, bruit, silence, infini et autres... sont le début d’un dialogue à distance avec celui-ci.
La lumière qui domine ses toiles dans les gris/blanc, se diffuse sur la totalité de l’espace pictural, elle s’applique à nous révéler le moindre détail de ses “figures” comme pour archiver une image au-delà d’une improbable photographie. Nous sommes quelques fois tellement captivé par la précision chirurgicale de ce monde des possibles, que l’on se retrouve sans effort de l’autre côté de l’horizon de ses peintures."
Raoul Hebreard
10 Août 2019
Hadrien de Corneillan n’illustre pas un monde en souffrance, mais il décode des no man’s land en devenir. Il écrit sa perception des “choses” en utilisant une palette de couleurs, du gris/noir profond au blanc cotonneux. C’est un monde à deux visages, celui du vide en devenir est forcément présent, mais il recèle aussi une dualité de lecture par la persistance insidieuse de notre passé, de notre histoire, comme pour une mise à nue de notre mémoire.
Les diptyques créent des actes narratifs où si nous sommes attentifs, nous pouvons déchiffrer des souvenirs au plus profond de notre temporel collectif. Ces césures d’images nous offrent des territoires miroirs où le début et la fin s’entremêlent, mais il arrive parfois qu’il nous propose des pistes avec des bribes de poésie qui claquent comme des bannières d’une couleur vive pour nous réveiller d’une lecture à venir.
Ce travail provoque une esthétique du vide, qui nous oblige à prendre en compte des connivences avec l’artiste, à nous de les répertorier : accumulation, soustraction, bruit, silence, infini et autres... sont le début d’un dialogue à distance avec celui-ci.
La lumière qui domine ses toiles dans les gris/blanc, se diffuse sur la totalité de l’espace pictural, elle s’applique à nous révéler le moindre détail de ses “figures” comme pour archiver une image au-delà d’une improbable photographie. Nous sommes quelques fois tellement captivé par la précision chirurgicale de ce monde des possibles, que l’on se retrouve sans effort de l’autre côté de l’horizon de ses peintures."
Raoul Hebreard
10 Août 2019